Aujourd’hui le terme de punition, de frustration fait peur et ravive des pensées d’autoritarisme.
Est ce que ce mot tombé dans le langage courant ne demande pas qu’on s’y arrête un instant ? A l’heure où la fessée est si controversée, comment aider nos enfants à grandir en toute sérénité tout en respectant un cadre et des limites ?
C’est oublier que le rapport d’éducation n’est pas un rapport de séduction. L’éducation repose sur un système de règles basées sur le partage et le fait d’attendre son tour qui doivent permettre à l’enfant de comprendre la différence entre ce qui est autorisé et ce qui est interdit et, par extension, entre le bien et le mal.
Il est dans la nature de l’enfant de vouloir déborder des limites imposées. « Tester son parent » est pour lui l’occasion d’aller à la découverte du monde qui l’entoure et permet de vérifier l’Amour inconditionnel de ses parents. Il les pousse à bout, pour voir jusqu’où et à quoi tient leur lien. Ce qui est rassurant et constructif pour l’enfant c’est que la règle ne change jamais, d’où le fait de tester plusieurs fois !
D’après la psychologue Anne Bacus, le sentiment de culpabilité, de ne pas être un bon parent, pèse surtout à notre époque, où une « hyperpsychologisation des liens et des comportements » a fait perdre aux parents leur confiance en eux. De plus, ajoute-t-elle, « la punition engendre la frustration de l’enfant, qu’il renvoie sous forme d’agressivité, de cris, de pleurs ». La frustration permet pourtant de grandir et d’apprendre ce qu’il est autorisé ou non. Elle n’aura aucun impact sur l’amour que vous porte votre enfant.
« Rappeler la règle, c’est prendre soin de son enfant, il trouve en l’adulte un appui, un repère qui ne change pas et qui le rassure. »
C’est permettre à l’enfant d’apprendre quelque chose, soit en soulignant un interdit qui a été transgressé soit en mettant en évidence une valeur qui doit être respectée aux yeux de ses parents et qui ne l’a pas été. La bonne sanction montre à l’enfant que son comportement n’était pas adapté et lui permet d’en envisager un autre.
Attention, Ce n’est pas l’enfant que l’on « condamne », c’est son comportement.
La meilleure des « punitions » sera réparatrice : si l’enfant casse un vase, proposez-lui de ramasser les morceaux. La subtilité de l’éducation, c’est de responsabiliser l’enfant sans le culpabiliser. Une punition n’a pas besoin de rendre triste ni de faire mal.
Avant un an et demi-deux ans, un tout-petit ne fait pas de bêtises consciemment. Par conséquent, le punir n’a pas de sens. Il faut lui laisser le temps de prendre conscience qu’il est un individu. Que son comportement peut être modifié sans perdre l’amour de ses parents ; ce qui arrive vers 18 mois avec la période du non. C’est le moment de poser des limites.
A cet âge, froncer les sourcils et dire « non », isoler son enfant dans sa chambre ou dans un espace réservé au retour au calme suffit parfois. Les enfants mettent nos nerfs à rude épreuve. Mais ce qu’ils veulent vérifier avant tout c’est le fait de continuer à être aimé malgré leurs écarts !
Une fois la certitude d’être aimé suffisamment, l’enfant acceptera volontiers le cadre proposé !
« Et là, malgré ça, est ce que tu m’aimes encore ? »
Propos tirés d’un écrit de Anne Bacus, Psychologue et d’une Analyse de la pratique