Dès la naissance, le quotidien de bébé est fait de multiples découvertes. La petite enfance est une période intense où de nombreux apprentissages sont à l’œuvre, autant d’un point de vue moteur que psychique. Les tout-petits ne peuvent pas se prendre en charge seuls et ont besoin de l’aide et de l’attention des adultes. Parents et professionnels veillent à l’alimentation, aux soins d’hygiène, au rythme de sommeil… Mais il y a aussi d’autres aspects sur lesquels les enfants ont besoin de soutien. Parcourus de sentiments qu’ils ne comprennent pas, ils peuvent avoir des réactions inappropriées à la vie en collectivité. C’est pourquoi l’accompagnement des émotions de l’enfant en crèche est primordial. La posture des professionnels doit permettre la reconnaissance et l’accueil de ces états affectifs.
Dès les premiers mois de sa vie, votre bébé ressent des émotions en lien direct avec son environnement. Cela passe par les sensations liées à son propre corps, mais aussi par les réactions qu’il perçoit autour de lui.
Il s’imprègne de ce qui l’entoure et ressent aussi le langage non-verbal. Les émotions sont particulièrement contagieuses. Les neurosciences confirment par ailleurs que les connexions cérébrales se font sur la base des ressentis. L’enfant observe et capte les variations du ton de voix, les diverses expressions sur les visages... Progressivement, il devient capable d’imiter, tout comme il l’a fait avec les premiers sourires. Pour autant, il ne sait pas encore identifier ce qui le traverse ni comprendre qu’il s’agit de la manifestation d’une émotion.
Les tout-petits vivent des sensations qu’ils sont encore incapables de gérer tout seuls. Face à une situation qui leur fait ressentir de la peur ou de la tristesse, il peut y avoir des réactions très différentes au sein d’un même groupe. Certains peuvent être très expressifs quand d’autres vont être beaucoup plus discrets. Il en va de même pour les états affectifs qualifiés de plus positifs, comme la joie qui est extériorisée de bien des manières.
Les émotions s’expriment plus par des manifestations corporelles que par des mots. Une observation fine des comportements permet aux professionnels de la petite enfance de détecter les situations qui envahissent les tout-petits.
Il vaut mieux accueillir les différents états affectifs de l’enfant, y compris la colère, plutôt que le pousser à les réprimer. Là encore, les neurosciences nous éclairent : en raison de son immaturité cérébrale, le jeune enfant se retrouve submergé par de véritables tempêtes émotionnelles. S’il n’est pas accompagné dans l’accueil de ses émotions, il va sécréter du cortisol, qui est l’hormone du stress.
L’enfant se trouve alors dans un état où il est très vulnérable. Lorsqu’un adulte à l’écoute l’aide à revenir à un état d'apaisement, le tout-petit se sent reconnu, ce qui nourrit sa confiance en lui. Accueillir l’émotion permet de ne pas la contenir à l’intérieur. En l’aidant à exprimer ses sentiments, l’adulte permet une décharge de la tension émotionnelle accumulée.
C’est un rôle qui n’est pas toujours simple à tenir parce qu’il ne faut pas se laisser envahir par ses propres ressentis. Il ne faut pas non plus reproduire de vieux schémas, notamment face aux émotions qui sont connotées comme négatives.
Dans les crèches Léa et Léo, les professionnels de la petite enfance se montrent disponibles et prennent le temps pour aider les tout-petits à s’apaiser. L’adulte adapte sa posture et commence par se mettre à hauteur de l’enfant. Avec une attitude bienveillante et un ton de voix rassurant, il reste à proximité sans chercher à contenir ce qui se passe.
En mettant des mots sur ce qu’il voit, l’adulte verbalise l’émotion qui est en train de s’exprimer. Les paroles sont par exemple « je vois que tu es en colère… » ou « je vois que tu es triste ». Il peut s’agir de besoins non satisfaits, entraînant de la frustration, d’un sentiment d’insécurité générant de la panique…
Différentes solutions sont proposées selon l’émotion qui a besoin d’être exprimée. Une fois ce moment de décharge passé, le professionnel maintient son attention bienveillante et propose ses bras pour permettre à l’enfant de remplir son réservoir d’ocytocine avant de repartir vers de nouvelles aventures.