La frustration est un état d’insatisfaction provoqué par le sentiment de n’avoir pas pu réaliser un désir. Nous sommes tous programmés pour rechercher le plaisir immédiat. C’est particulièrement vrai pour nos enfants. Ils se sentent frustrés quand ils se confrontent à la réalité, par exemple quand ils s’aperçoivent qu’ils ne peuvent pas toujours consommer ou jouer.
Lorsqu’il est frustré, l’enfant ressent de la colère et/ou de la tristesse. Cela se traduit généralement par des cris, des pleurs, des tentatives de taper ou mordre. Mais cela peut aller jusqu’à des crises de colère incontrôlables à se rouler par terre. Il faut tout de même prendre en compte que chaque enfant est différent et donc chaque réaction sera différente selon l’enfant.
Frustrer un enfant c’est lui dire, et chercher à lui faire comprendre, que tout n’est pas toujours faisable, accessible et tourné vers lui. Tout d’abord parce qu’il y a les autres autour de lui. Un petit enfant n’a pas conscience que les personnes autour ont la même valeur que lui et qu’elles ont également leurs besoins, leurs envies et leurs émotions. Ce sont des notions qui ne sont pas innées et qu’il doit apprendre en faisant l’expérience de la frustration entre autres.
Etre frustré parce qu’un autre enfant joue avec le hochet qu’il voudrait ; ou être frustré parce que l’adulte en face de lui demande de patienter quelques instants ; permettent à l’enfant d’intégrer l’autre et de comprendre que l’autre a aussi des envies, des droits, et même des devoirs. Ainsi, petit à petit, l’enfant va également intégrer le partage (ex : le partage des jouets, de l’attention.) ainsi que l’autonomie (ex : les adultes autour de lui n’étant pas disponible tout le temps, il va alors devoir patienter, apprendre à jouer tout seul, ou se déplacer tout seul s’il désire atteindre quelque chose.)
Une fois que les enfants ont découvert qu’ils ne sont pas en danger en partageant et en étant autonome, alors ils y prennent plaisir. Cela fait partie de la socialisation de l’enfant.
La frustration chez un enfant entame un processus qui lui permettra également de comprendre et d’accepter qu’il y a des interdits, des limites, des lois. Tous ces éléments sont indispensables pour vivre en communauté. Ils nous paraissent évidents en tant qu’adulte, mais ils s’apprennent et se mettent en place dès le plus jeune âge. De plus, la frustration crée le manque, et c’est le manque qui crée et construit le désir, l’envie et forge l’imagination et la créativité.
La frustration de son enfant est parfois difficile à gérer. Parce qu’elle nous met mal à l’aise, parce qu’on culpabilise ou qu’on voudrait l’apaiser car on souffre pour lui. Mais aussi parce qu’on voudrait éviter le conflit. Il faut donc avoir la vigilance de conserver une sécurité affective et de toujours être dans la bienveillance. Ne pas laisser l’enfant seul, en colère et triste, privé de quelque chose qu’il désire, sans explications. L’enfant a besoin d’accompagnement, d’explications, pour comprendre et apprendre à gérer ses émotions.
De plus, la colère et la tristesse que ressent l’enfant sont on ne peut plus réelles. Il ne faut pas les nier, lui expliquer qu’elles sont légitimes, qu’il a le droit de pleurer et d’être en colère parce qu’il est frustré et qu’on lui impose des limites. Il est important de donner à l’enfant les moyens d’exprimer, de mettre des mots sur ses émotions. Tout en lui donnant des outils pour l’aider à les gérer et à les dépasser.
Et évidemment, il faut s’armer de patience ! Le processus de gestion des émotions n’est complètement fonctionnel qu’une fois que le cerveau a atteint sa pleine maturité, c’est-à- dire pas avant l’âge de 20 ans.
« Tu ne peux pas prendre le jouet des mains de l’autre enfant, car l’autre enfant aussi à envie de jouer avec. Tu vas avoir ce jouet un peu plus tard, quand il aura fini il te le prêtera »
« Je ne peux pas te prendre dans les bras parce que j’ai des choses à faire, mais je peux te poser sur ce tapis et te donner ces jeux. Je ne serais pas loin, tu n’es pas tout seul. »
« Je sais que tu as vu ce gâteau et que tu en as très envie, mais ce n’est pas l’heure du goûter. Tu as le droit de pleurer et d’être frustré parce que tu sais que tu aimes ce gâteau et que tu le
voudrais, mais il y a un temps pour les repas. Le gâteau ne va pas disparaître, tu pourras le manger plus tard. »
« Tu as le droit d’être en colère et mécontent, mais pas de taper ou mordre pour autant.»
Pour aller plus loin : Isabelle Filliozat, « Au cœur des émotions de l’enfant »
Merci à Noémie, assistante petite enfance, pour cet article !